19 Apr 2007

Lettre Ouverte

Je commence avec cette lettre ouverte que nous envoyons aux mouvements politiques, sociaux et citoyens français.

Ma femme et moi, nous habitons Paris depuis 2004, où l’on aime bien vivre et travailler. Après deux années de résidence considérée par nous comme probablement temporaire, à la suite de mon embouche en CDI dans un organisme public français, on vient de nous installer de façon définitive (pour ce qu’on peut en savoir aujourd’hui) en France. Et oui, car on n’est pas de nationalité française, mais italienne. Alors, en particulier dans cette période électorale, présidentielle plus législatives, on se retrouve, comme beaucoup d’autres travailleur, dans une situation particulière: d’une coté on est écarté des échéances électorales, à cause de notre nationalité, mais d’une autre coté on a bien le feeling de l’enjeu de cette double échéance, car on sera très concerné par les conséquences. En effet, en France on a tous les devoirs (impôts sur le revenues, charges sociales, etc...) mais seulement certains droits (chômage, sécurité sociale etc...) sur lesquelles on n’a aucun influence dans le contexte démocratique, dans la mesure où on n’a pas le droit de voter dans les élections nationales pour les femmes et les hommes qui seront les responsables des pouvoirs publics. On peut seulement subir ces que les Citoyens Français auront la grâce de décider par et pour nous. Je trouve qu’on se retrouve, par certains aspects, dans la situation du peuple avant le suffrage universel, comme des petits citoyens, quand les français de souche, sont des Grands Citoyens, les nouveaux Aristocrates.
Je trouve qu’il y a, au moins, deux points hautement injustes socialement et culturellement:

1) Du point de vue purement matériel, comment on paye les impôts, dans une démocratie digne, on devrait avoir, au même titre que les autres, la possibilité de choisir les administrateurs de cet argent public, car d’un certain point de vue, le vote politique est comme le droit de vote dans une association dont on paye nos frais annuels (et on les paye bien chers). C’est la base économique du contrat social, des impôts démocratiques et des dépenses d’utilité publique.

2) du point de vue de justice et d’appartenance citoyenne, comme j’ai déjà remarqué, ce système contribue à créer deux classe de citoyens, et une nouvelle classe d’exclus de la démocratie, ce que rende non démocratique le système français (comment dans beaucoup d’autres payses européennes), comme cette démocratie occidentale, dont tout le monde se vante, devient une aristocratie de facto.

Or, vous pouviez nous contester le fait que nous pourrions demander la nationalité française pour avoir le droit de vote, et c’est une possibilité qu’on vient de prendre en considération, en effet. Mais cette solution est un palliative que laisse le problème ouvert, il est comme l’extension de la Citoyenneté Romaine dans l’empire à certaines provinces, solution que n’a pas résolue le problème de migration dans l’empire romain. En effet, on doit attendre encore quelques années (2), terme que l’on considère assai long (et chère, environs 10000 euro par personne en impôts et charges). Heureusement, depuis des accords entre l’Italie et la France de 1993 on ne perdra pas notre nationalité italienne, mais ce n’est pas probablement le cas pour d’autres nations, et nous pensons que personne veut perdre la propre nationalité d’origine pour des raisons affectives et pratiques. En autres termes, nous, comme beaucoup d’autres migrantes, on a choisi de vivre et travailler en France pour une période probablement assai long (à la limite pour toute notre vie), mais on voudrait, peut être un jour, rentré dans notre pays, ou, en tout cas, n’est pas être étrangers dans notre pays natal. C’est pour ça qu’on pense qu’une réflexion globale sur la nationalité et la citoyenneté (dans le sens de droits et devoirs) devrait être engagé en France comme en Europe, comme condition de base. En effet, déjà entre nous les étrangers, il y a une grande différence entre les européens, qui ont un nombre élevé de droits (incarnés par l’abolition ou l’automatisme du permis de séjour) et les non européens qui doivent littéralement lutter pour avoir le droit de base de vivre et travailler. Hors, dans un premier temps, une solution au niveau européenne est certainement plus simple et réaliste (comme une Citoyenneté Européenne qui équipera tous les citoyens), mais sans oublier que dans le monde mobile du XXI siècle, les migrantes peuvent venir de très loin (et je pense au même titre aux américains qui vivent, travaille et payent les impôts dans le XVI arrondissement, comme aux africains qui vivent, travaille et payent impôts dans le XVIII) et ils devraient avoir le mêmes droits et devoirs vis-à-vis d’une république se-disant démocrate et participative.

Avant terminer, on voudrait remarquer l’absurdité du système européen du droit de vote: on a le droit de voter pour les élections politiques italienne (où on ne vit pas, on ne travaille pas, on ne paye pas les impôts) et de même les français à l’étranger ont le droit de voter aux élections françaises. Mais nous, comme les ressortissants français, on n’a pas une citoyenneté complète dans notre pays de résidence. Au-delà de discuter concepts romantiques de nation ou d’internationalisme, on préfère discuter de concepts pratiques: la vie quotidienne, le travail, les impôts, les services publics.

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